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Dante Alighieri (1265 – 1321)

Vita nuova.

 

Dante Alighieri (Durante degli Alighieri), poète, homme politique et écrivain florentin né dans la deuxième quinzaine de mai, c. 29 mai 1265 à Florence et mort le 14 septembre 1321 à Ravenne.

Le titre ne signifie pas la «jeune» vie mais la vie renouvelée, illuminée par l’amour.

C’est donc l’histoire la jeunesse de Dante illuminée par son amour merveilleux pour Béatrice (Bice di Folco Portinari, épouse de Simone De Bardi) et la révélation primordiale que cet amour lui apporte au début de son existence. Il n’a pas 9 ans lorsqu’il s’éprend de celle qu’il aimera pour l’éternité et qui n’est alors qu’une enfant de 8 ans. Précisons tout de suite que Dante ne rencontra Béatrice que deux fois, une première fois, à 9 ans, puis neuf ans plus tard avec toujours, le mutisme obstiné de la jeune fille et les obstacles infranchissables qui séparent les deux partenaires. Il n’y a pas eu de rapport ni de dialogue entre eux. Leur seul échange est «le très doux salut» que Béatrice envoie à Dante quand ils ont 18 ans et qui lui fait «voir les confins de la béatitude». (...)

 

XIIIème siècle.

Domaine italien.

Mémoires.

Premiers émois amoureux.

Amours enfantines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dante's First Meeting with Beatrice

Simeon Solomon (1840 - 1905) - Tate Gallery.

 

II.

 

Neuf fois déjà depuis ma naissance, le ciel de la lumière était revenu quasiment à un même point dans sa révolution, lorsqu’à mes yeux parut pour la première fois la glorieuse dame de ma pensée, laquelle fut appelée Béatrice par bien des gens qui ne savaient ce que c’est que donner un nom. Elle avait déjà passé en ce monde juste le temps que le ciel étoilé met à se mouvoir vers l’Orient de la douzième partie d’un degré, en sorte que c’est vers le commencement de sa neuvième année qu’elle apparut à moi, et je la vis vers la fin de ma neuvième année.(1)

Elle apparut vêtue de très noble couleur, humble et honnête, vermeille comme sang, ceinte et ornée en la manière qui à son très jeune âge convenait. En ce point, je dis que l’esprit de la vie qui demeure dans la très secrète chambre du coeur, commence à trembler si fort, qu’il se faisait sentir dans mes plus petites veines horriblement : et en tremblant il dit ces paroles : Ecce deus fortior me, qui veniens dominabitur michi (2).

En ce point, l’esprit naturel, lequel demeure en cette partie de nous où la nourriture est servie au sang, commença de pleurer, et pleurant dit ces paroles : Heu miser, quia frequenter impeditus ero deinceps ! (3)

Dès lors je dis qu’Amour est seigneurie sur mon âme ; et celle-ci fut si tôt à lui offerte, et il commença de prendre sur moi telle assurance et telle baillie, par la vertu que lui donnait mon imaginer, qu’il me fallait faire tous ses plaisirs complètement. Il me commandait maintes fois de chercher à voir cet ange de jeunesse ; adonc en mon enfance maintes fois l’allai cherchant; et je lui voyais des manières si nobles et digne de louange, que d’elle à coup sûr on pouvait dire cette parole du poète Homère : « Elle ne paraissait pas fille d’homme mortel, mais de dieu. » Et encore que son image, qui m’accompagnait continuellement, marquât l’orgueilleuse seigneurie qu’Amour avait sur moi, toutefois elle était de si noble vertu, que jamais elle ne souffrit qu’Amour me gouvernât sans le féal conseil de la raison, en ces choses où tel conseil était utile à entendre. Mais pour ce qu’en s’arrêtant sur les passions et les actions d’un âge si tendre, on semble conter je ne sais quelles fables, je quitterai ces dits ; et passant par-dessus maintes choses que je pourrais tirer du livre où je copie celles-ci, j’en viendrai à ces paroles qui sont écrites dans ma mémoire sous des paragraphes plus marquants. (...)

 

Extrait de : Dante, Oeuvres complètes.

Bibliothèque de la Pléïade. Editions Gallimard. Cote bibliothèque du Havre : PL127                                                               Traduction et commentaires par André Pézard.

 

             1. Nove fiate già, appresso lo mio nascimento, era tornato lo cielo de la luce quasi a uno medesimo punto quanto a la sua propria girazione, quando a li miei occhi apparve prima la gloriosa donnade la mia mente, la qual fu da molti chiamata Beatrice, li quali non sapeano che si chiamare.Ell' era in questa vita già stata tanto, che nel suo tempo lo cielo stellato era mosso verso la parte d'oriente de le dodici parti l'una d'un grado: si che quasi dal principio del suo anno nono apparve a me, ed io la vidi quasi de la fine del mio nono.

2. Voici un dieu plus fort que moi, qui vient pour être mon seigneur.

3. Ahi chétif, car désormais je serai souvent empêché.

 

 

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